top of page

La

PRESSE

"Les arbres donnent corps à la voix. La voix donne sens au paysage sauvage et beau."

 

Michel Thion Pour Radio France

 

Beñat Achiary, José Le Piez et Patricia Chatelain, voyageurs temporels

 

Hypothèse : À l’origine, la musique vient des sons utilisés pour décrire le monde, le paysage sonore. Pour apprendre la chasse aux jeunes humains, on produit le son de la proie, des prédateurs, du vent, de la marche et de la course… La musique viendrait de là, d’un récit sonore du monde.

On aura souvent remarqué le goût des interprètes de la musique contemporaine et expérimentale pour les musiques anciennes. Le classique le plus codé, calibré, est estompé au profit de musiques qui offrent une plus grande liberté des interprètes, des musiques qui, pour faire une comparaison rapide, ignorent comme les musiques africaines, la distinction entre compositeur et interprète.

On est musicien, c’est tout.

Tout naturellement, les plus aventuriers d’entre eux en sont arrivés à l’improvisation. C’est que l’improvisation ne sort pas du néant, elle se joue aussi dans l’univers sonore et musical qui les a constitués comme musiciens.

Recherche d’archétypes, oui, mais nul archaïsme dans leur démarche. Ce sont bien des musiciens de notre temps, nos contemporains qui partagent avec nous leur nostalgie d’un inconnu, leur archéologie du futur, leur wanderlust dans l’univers des sons.

Pas de cette opposition artificielle entre nature et culture. La nature des hommes est d’être des individus culturels, et s’ils partent des sons d’une nature imaginaire, il y a la langage dans le chant, il y a le fait que leur écoute et la nôtre ont été formées au sein d’un monde industriel, bruyant, chaotique, et leur recherche de simplicité ne l’ignore pas, au contraire, elle part de là, elle s’en nourrit, elle nous en nourrit.

Beñat Achiary vient du chant basque traditionnel, puis s’est dirigé vers les musiques expérimentales, la libre improvisation. José Le Piez est un plasticien du son, un sculpteur qui travaille le matériau le plus archaïque qui soit : le bois, les arbres. Patricia Chatelain est peintre, artiste nomade. Avec les Arbrassons, elle improvise la materia prima sonore des arbres comme avec l’espace et la couleur.

Tous trois sont d’abord des « écouteurs », écoute des sons du corps, écoute de la musique des arbres, leur rencontre imprévue est bien une évidence musicale et on se demande pourquoi elle ne s’est pas faite plus tôt.

Michel Thion pour Radio France

 

Ecouter les pulsations de la sève au cœur de l’arbre, tanguer et frémir comme les rameaux aux caresses du vent, vibrer au diapason de la terre sous le galop des chevaux, embrasser la montagne…Ce sont sur ces chemins géopoétiques que se croisent trois artistes sensibles. Benat Achiary, par le souffle de sa voix, atteint la canopée et le ciel, ses percussions l’enracinent dans la terre. Entre ces deux éléments il y a le tronc et les branches des arbres que Patricia Chatelain et José Le Piez font chanter par la caresse de leurs sculptures sonores inédites. Ils inventent des instants visuels et sonores offerts aux lieux et aux êtres. Leur musique s’improvise comme une communion libre avec les éléments. Elle se fait transe ou chant d’amour, d’aujourd’hui ou de mille ans, pour faire palpiter les cœurs sauvages.

 

bottom of page